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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 10:47

Être spectateur de « Viens, viens petite, viens ... », le dernier « Opus pour trois comédiens et une piscine » orchestré par Benjamin Forel et sa singulière Troupe du Levant, c'est faire l'expérience positivement dérangeante d'un théâtre-performance contemporain hors-norme qui ne laisse pas indemne, d'autant plus que le corps y est à l'honneur mais sans aucune esbroufe.

Les textes noirs et puissants d'Hanokh Levin sont finement distillés au sein d'un cocktail (explosif) à haute teneur poétique, politique et métaphysique. Rien d'étonnant au vu de l'engagement d'une Troupe basée sur un sens profond du collectif et particulièrement attentif à « la place du spectateur ». La parole y est ainsi incarnée plutôt que mise en scène grâce à l'énergie renversante déployée par ce trio de corps en tensions variables et aux chorégraphies millimétrées.

Ces deux hommes et cette femme semblent permettre à tous les champs du désir de s'exposer et parfois d'exploser ... Mais si les rapports humains sont manifestés dans toute leur complexité et leur violence réelle ou potentielle (objectivation, pouvoir, manque, frustration, opposition, ratage, conflit intergénérationnel, pulsions, répulsion, etc), il ne s'agit en rien d'un catalogue d'émotions en self-service. Il est à noter qu'une bonne dose d'humour parvient aussi à sauver ce qui peut l'être... Le dispositif scénique d'apparence plutôt minimaliste regorge en fait d' « accessoires », ou devrait-on dire de matières ou matériaux symboliques, qui apportent une densité exceptionnelle à l'ensemble.

Alors oui, assister à une représentation de « Viens, viens petite, viens ... » dans un lieu dédié ou non, plus ou moins public, alternatif ou privé, c'est peut-être se laisser aller à un « bain de jouvence » cathartique et revigorant, loin d'être déprimant malgré sa noirceur et qui donne autant à ressentir subjectivement qu'à réfléchir à l'universel du corps, de soi et des autres.

 

Gérald Bortoluzzi (Radiot Canut),

le 15 avril 2015

"Viens, viens petite, viens..." [Eloge de l'ombre - Corps 2] Crédit : Julie Cherki

"Viens, viens petite, viens..." [Eloge de l'ombre - Corps 2] Crédit : Julie Cherki

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Manifeste

On n'entreprend rien, certes, si ce n'est contre le gré de tous. Et, depuis quelques années,
nous avions dû nous accoutumer au murmure des voix décourageantes. Nous avons entendu
les avertissements ironiques des gens de métier auxquels la vie n'a rien laissé que leur stérile expérience,
les prévisions pessimistes des timides et des sceptiques, les conseils des satisfaits enclins à prôner
l'excellence des divertissements dont ils se repaissent, les remontrances des amis sincèrement émus de nous
voir hasarder toutes nos forces à la poursuite d'une chimère.
Mais les mots n'ont point de prise sur qui s'est délibérement sacrifié àune idée, et prétend la servir.
Par bonheur nous avons atteint l'âge d'homme sans désespérer de rien.
A des réalités détestées, nous opposons un désir, une aspiration, une volonté.
Nous avons pour nous cette chimère, nous portons en nous cette illusion qui nous donne le courage
et la joie d'entreprendre. Et si l'on veut que nous nommions plus clairement le sentiment qui nous anime
la passion qui nous pousse, nous contraint, nous oblige, à laquelle il faut que nous cédions enfin:
c'est l'indignation.
Puisque nous sommes jeunes encore, puisque nous avons conscience du but et des moyens pratiques
pour y atteindre, n'hésitons pas.
Que rien ne nous détourne plus. Laissons là les activités secondaires. Mettons nous d'un seul coup en face
de notre tâche. Il la faut attaquer à pied d'oeuvre. Elle est vaste et sera laborieuse.
Nous ne nous flattons guère de la mener à bout. D'autres que nous, peut être, achèveront  l'édifice.
Essayons au moins de former ce petit noyau d'où rayonnera la vie, autour duquel l'avenir fera ses grands apports.

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