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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 08:42

Un soir dans un endroit singulier, trois comédiens et des matières.

 

Ça commence par une lettre, qui pour être anodine n'en est pas moins terrifiante (Lettre ouverte - Juillet 1970). Et c'est parti pour une séquence guerrière et matières.

Matière texte d'Hanokh Levin, mots à malaxer, à goûter, à mordre, à extirper. Mots rêches en bouche, presque à recracher, certains qui laissent un sale goût, goût de cendre et de sang. Ici, pas de cendres ni de sang, mais des spaghettis, des confettis, du dentifrice, de la mousse à raser, et quelques tubes de gouache, qui font signe. Et sens, forcément !

Matière organique, donc.

 

Le jeune metteur en scène Benjamin Forel ne ménage pas ses interprètes. Comme s'ils devaient éprouver ces mots durs, cinglants, grinçants, dans leur chair avant de se les mettre en bouche. Presser leur jus pour qu'ils soient plus amers encore. Ainsi le spectateur peut l'entendre, le ressentir... et souffrir ou rire, ou les deux.

 

C'est du théâtre qui ne ménage pas son spectateur non plus. Il va le chercher, il appuie là où ça fait mal, il le repousse, il le dérange, mais toujours il l'attrape, le rattrape et l'emmène exactement où il veut le mener. En enfer ! Dans l'enfer des mots de Levin, dans leur crudité et leur noirceur, pour peindre la noirceur du monde.

 

G.V.P Le 30 mars 2015

Troupe du Levant - Crédit : Yvesan

Troupe du Levant - Crédit : Yvesan

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Manifeste

On n'entreprend rien, certes, si ce n'est contre le gré de tous. Et, depuis quelques années,
nous avions dû nous accoutumer au murmure des voix décourageantes. Nous avons entendu
les avertissements ironiques des gens de métier auxquels la vie n'a rien laissé que leur stérile expérience,
les prévisions pessimistes des timides et des sceptiques, les conseils des satisfaits enclins à prôner
l'excellence des divertissements dont ils se repaissent, les remontrances des amis sincèrement émus de nous
voir hasarder toutes nos forces à la poursuite d'une chimère.
Mais les mots n'ont point de prise sur qui s'est délibérement sacrifié àune idée, et prétend la servir.
Par bonheur nous avons atteint l'âge d'homme sans désespérer de rien.
A des réalités détestées, nous opposons un désir, une aspiration, une volonté.
Nous avons pour nous cette chimère, nous portons en nous cette illusion qui nous donne le courage
et la joie d'entreprendre. Et si l'on veut que nous nommions plus clairement le sentiment qui nous anime
la passion qui nous pousse, nous contraint, nous oblige, à laquelle il faut que nous cédions enfin:
c'est l'indignation.
Puisque nous sommes jeunes encore, puisque nous avons conscience du but et des moyens pratiques
pour y atteindre, n'hésitons pas.
Que rien ne nous détourne plus. Laissons là les activités secondaires. Mettons nous d'un seul coup en face
de notre tâche. Il la faut attaquer à pied d'oeuvre. Elle est vaste et sera laborieuse.
Nous ne nous flattons guère de la mener à bout. D'autres que nous, peut être, achèveront  l'édifice.
Essayons au moins de former ce petit noyau d'où rayonnera la vie, autour duquel l'avenir fera ses grands apports.

Jacques Copeau/ Registre 1 appels

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